C’est presque inadapté de définir les sans abris de «sans domicile fixe», puisque finalement ils ont eux aussi un «chez soi». Parmi les territoires habités par ces sans abris, figure en premier lieu «l’espace privé», c’est le territoire que la personne, a défini matériellement mais aussi affectivement.
Installés sous des ponts, devant des entrées d’immeubles, dans des renfoncements, ils se protègent des intempéries. Ils se fabriquent des toits, comme des petites maisons avec du carton, des matériaux de récupération ou du mobilier urbain.Tout cela permettant de délimiter un territoire occupé. Rechercher cet abri, c’est parcourir l’espace de la ville pour trouver un endroit intime : c’est éloigner de soi le poids du regard des autres. L’espace intime réunit à la fois l’extérieur et l’intérieur. Il permet la protection de la personne, son unité, sa permanence. Malheureusement ces abris de fortune sont souvent le lieu de décès prématurés de ces personnes. De manière discrète, parfois même anonyme, dans l’ombre de la population. De plus, le traitement de leur identité relève du parcours du combattant. Certaines fois la famille n’est pas retrouvée ou refuse de prendre en charge les funérailles. La démarche se fait donc sans rites particuliers, de manière brève.
Leurs abris sont pratiquement les seuls traces. Les SDF cherchent à améliorer leurs conditions de vies incertaines et frustrantes, en innovant et en imaginant en usant de toute les opportunités qu’il rencontrent.