L’architecture est depuis longtemps un des principaux sujets de mes photographies. Découverte par hasard lors de balades, de voyages, j’ai au fil du temps, provoqué les rencontres avec ces constructions qui entourent, décorent et façonnent nos villes et nos vies.
Elles m’ont souvent inspirée et j’y trouve un grand intérêt à les photographier. Ce sujet immobile et très souvent immuable, nous raconte finalement, différentes histoires, nous plonge dans des ambiances et réalités tout autre au fil du temps, des différentes
atmosphères, des changements de lumières.

Parfois détestées, parfois admirées, ces architectures sont là de toute évidence etnous sont imposées. Elles sont nos repères, nos souvenirs, nos points de rencontres, nos lieux de vie... Les architectures parfois étonnent par leurs formes originales, déstructurées, leurs façades ornées de motifs, leurs matériaux aux textures, couleurs, reflets surprenants, mais également par la place qu’elles occupent avec des structures gigantesques ou des constructions très petites. Ces caractéristiques contrastent très souvent avec cette autre forme d’architecture plus banale, devant laquelle nous sommes le plus souvent impassibles de part l’habitude que l’on a des les voir tous les jours au travers de nos fenêtres ou lors de nos trajets.

Ces architectures étonnantes, nous donnent à penser, à nous questionner, à nou situer, à comprendre l’espace dans lequel nous nous trouvons.

Chaque bâtiment est en amont de sa conception, pensé, étudié, dessiné, maquetté en fonction de la population qui l’observera et l’adoptera. Cette démarche sociologique est véritablement importante puisque cette construction sera imposée à chaque personne et devra s’intégrer au mieux dans l’espace qui lui sera dédié mais aussi correspondra aux contextes, aux besoins des gens qui l’occuperont... et deviendra même plus tard un lien entre les individus.

Tout cela, je m’en suis rendu compte au gré de mes découvertes architecturales et plus particulièrement avec l’architecture dite “brutaliste” : gigantesques monolithes de béton, qui au premier abord interpelle, inquiète, importune, en bref, fait réagir.
Toute cette architecture de béton a fait beaucoup parler d’elle, les gens ont exprimé pendant longtemps leur rejet de la forme, du matériau “sans âme”, de l’effet psychique/social négatif que celle-ci peut avoir tandis que d’un autre côté elle passionne. Les gens se réunissent et s’engagent pour sa durabilité, pour essayer demontrer, convaincre de son esthétisme et éviter la destruction de ces bâtiments. Ce que j’ai pu retenir du béton, surtout dans la manière d’être montré et utilisé, c’est son grand pouvoir créatif, de pouvoir adopter une variété de formes, de teintes, de tailles, de textures, rendant les possibilités infinies. Sa popularisation, le grand nombre d’architectes aux styles bien différents qui l’utilisent et la multitude de projets permettent une démocratisation du béton : au final, des architectures de toutes les audaces et pour tous les goûts. J’ai également remarqué son pouvoir d’interroge d’émouvoir, l’ambivalence des émotions que ces constructions procurent.

C’est donc à partir de ces réflexions que l’idée de ce projet m’est apparue.








Ces détails tirés sur du béton, permettent un rapport plus intime avec l’architecture, une découverte de détails auxquels nous n’aurions pas fait attention ou accorder d’importance. Elle nous oblige presque à nous intéresser à ces fragments de bâtiments, à toucher pour en saisir la texture, à tourner autour et s’y rapprocher pour y découvrir d’autres détails, de la même manière que lorsque l'on se trouve devant une architecture qui nous intrigue.

Cette oposition tirage papier (ici image numérique) et tirage sur béton marque l’ambivalence que procure souvent l’architecture bétonnée.